De nouveaux bénéficiaires touchés par la crise

Institutionnel
Il n’aura pas fallu longtemps pour que la crise sanitaire se mue en crise sociale. Dès les premiers jours du confinement, les Banques Alimentaires et leurs associations partenaires ont vu arriver en nombre de nouveaux bénéficiaires, avec des profils qui pourraient s’inscrire durablement dans la précarité.

De nombreuses personnes impactées

Près de trois mois après le déconfinement, les remontées du terrain permettent de dresser un premier bilan de la crise. Il y a d’abord eu les conséquences directes du confinement, par exemple pour les personnes sans-abris, privées de la générosité des passants. Même si certains dispositifs de maraudes existants ont été renforcés et d’autres créés, ces publics se sont rapidement retrouvés dans une situation critique.

De nombreuses familles aux bas revenus ont également dû composer à la fois avec le chômage partiel de l'un ou des deux parents, mais aussi avec la fermeture des cantines scolaires qui leur garantissaient jusque-là des repas à bas prix pour leurs enfants. De leur côté, les étudiants les plus fragiles se sont retrouvés en grande difficulté. « Ils n’avaient plus accès aux restaurants universitaires ou ils ont été privés de leur petit boulot. Pour eux, la précarité risque d'être durable, car beaucoup n'ont pas pu trouver de travail pour cet été », explique Elodie Tarby, chargée de mission à la Fédération Française des Banques Alimentaires. 
Les associations partenaires du réseau ont également accueilli plus de personnes en situation irrégulière qui travaillent sans contrat, ainsi que des personnes intérimaires ou encore des artisans, commerçants ou indépendants qui ont pu se retrouver dans une situation délicate s’ils n’avaient pas de trésorerie de côté. Ces derniers profils sont d'autant plus fragilisés qu'ils ne connaissent pas forcément les dispositifs d'aide existants.

Distribution

Une crise qui devrait s’inscrire dans la durée

L'enjeu est grand pour les Banques Alimentaires qui doivent désormais s'organiser pour répondre à ces nouveaux besoins. La situation est d’autant plus préoccupante qu’une grande partie de ces nouveaux bénéficiaires pourrait avoir besoin durablement d’aide alimentaire face à la crise économique qui se profile. Il existe un lien fort entre la perte d’un emploi et le recours à l'aide alimentaire : les prévisions actuelles indiquent que près de 8 millions de personnes pourraient avoir recours à l’aide alimentaire contre 5,5 millions actuellement. En mai, la Fédération Française des Banques Alimentaires enregistrait déjà une hausse de 20-25 % de la demande, avec des situations bien plus graves sur certains territoires. 
A la rentrée, la Fédération lancera son étude biennale sur le profil des personnes accueillies à l'aide alimentaire. « Nous pourrons observer par ce biais les évolutions. Nous serons attentifs à tous les publics en nous appuyant sur les 350 bénévoles qui sont en lien avec nos 5400 associations et Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) partenaires, pour essayer d'adapter au mieux les distributions en fonction des besoins », conclut Elodie Tarby.